Profitez bien de vos voitures, bientôt la fin

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Intense lobbying à Bruxelles pour interdire les véhicules thermiques :
Le Danemark, le Beuc (association européenne des consommateurs), Transport & Environment (T&E) et Volvo participaient hier à un débat organisé par l’European Climate Foundation (ECF). Tous militent pour la fin des véhicules thermiques à plus ou moins brève échéance. La Commission européenne doit publier sa nouvelle proposition sur les objectifs CO2 pour 2025 et 2030 d’ici la fin du mois.
Auteur : Florence Lagarde - Directrice de la rédaction et Directrice de la publication

L’interdiction (ou pas) de la vente des véhicules thermiques dans l’Union européenne sera un des points de crispation importants dans les négociations qui s’annoncent à Bruxelles avec la révision des objectifs CO2 des constructeurs.

Le Danemark notamment fait un lobbying intensif pour que les véhicules thermiques soient interdits à la vente dans l’Union européenne ou au moins dans les Etats membres qui le souhaitent.

Dans les faits, tous les Etats membres qui ont annoncé leur intention de bannir la vente de véhicules thermiques (entre 2030 pour les plus sévères ou 2040, comme la France) n’ont pas à ce jour le pouvoir de le faire.
La Commission européenne l’avait très clairement écrit aux autorités danoises en décembre 2018. "L'interdiction totale de la commercialisation, de l'importation ou de l'enregistrement de nouvelles voitures à essence et Diesel dans un État membre n'est pas compatible avec le droit de l'Union", avait à l’époque répondu la Commissaire européenne au Marché intérieur et à l'Industrie, Elzbieta Bienkowska.

Le Danemark a retenu la leçon et a donc envoyé à la Commission européenne une demande informelle ("non-paper") d’inclure "une date d'arrêt progressif de la vente de voitures neuves à essence et Diesel dans l'UE". Cette demande a été rédigée conjointement par le Danemark et les Pays-Bas et a reçu l’aval de sept autres pays européens : Autriche, Belgique, Grèce, Irlande, Lituanie, Luxembourg et Malte.

A ce jour, plusieurs pays ont annoncé leur intention d’interdire la vente de véhicules thermiques avec des dates plus ou moins proches : 2025 pour la Norvège (qui n'est pas membre de l'UE), 2030 pour le Danemark, la Suède et le Royaume-Uni (qui avait initialement fixé 2035) et 2040 pour la France.
Même si la Commission européenne n’impose pas de date, les Etats membres soutenant ce "non paper" veulent être autorisé à légiférer et à appliquer cette interdiction. "Nous avons besoin d'un cadre juridique qui permette aux États membres d'aller de l'avant au niveau national", a souligné le ministre danois des Transports, Benny Engelbrecht.

Lors de ce débat, Julia Poliscanova, senior director vehicles and emobility de Transport & Environment a rappelé les objectifs que l’organisation défend à Bruxelles soit 0 g/km de CO2 pour l’ensemble des ventes de véhicules neufs en 2035, ce qui revient à une interdiction des véhicules thermiques à cette date. T&E prône également la nécessité d’un objectif intermédiaire en 2027 à -37,5% par rapport à 2020 (ce qui est l’actuel objectif pour 2030) et demande de le porter à -65% en 2030.

Anders Kärrberg, "Head of Global Sustainability" de Volvo n’a pas pris formellement position pour l’interdiction de la vente des véhicules thermiques pour 2030 mais rappelé l'objectif du constructeur de 100% de véhicules électriques à batterie en 2030. "Nous espérons que plus de constructeurs vont rejoindre notre ambition." Il a aussi rappelé qu’il fallait que l’Europe accélère sur les investissements sur des bornes de recharges pratiques pour les clients et demandé le maintien des aides à l’achat "jusqu’à ce que les BEV soient aux prix des véhicules thermiques".

Elizabeth Hojmark Cukijati, en charge du climat à la représentation permanente du Danemark à l’UE a souligné que l’interdiction des véhicules thermiques était nécessaire parce que "les incentives coûtent très cher et ne peuvent pas durer longtemps" et aussi "à cause des véhicules d’occasion qui obligent à aller le plus vite possible" vers 100% de véhicules neufs électriques.

Monique Goyens, directrice générale du Beuc soutient également avec enthousiasme le développement des véhicules électriques depuis qu’une étude réalisée par l’organisation et publiée en avril dernier montre que "le BEV est moins cher en coût total dans beaucoup de cas".
"Le véhicule électrique est meilleur et moins cher pour les bas revenus grâce aux avantages fiscaux et les coûts d’utilisation sont si bas que c’est vraiment un "good deal"", a dit Monique Goyens. Le Beuc pousse le véhicule électrique parce que c’est, a-t-elle dit, quatre fois gagnant : contribution positive pour l’environnement, pour la santé (moins de pollution), pour les finances (moins cher) et pour la dimension sociale.

En revanche, le Beuc est contre les subventions pour les hybrides rechargeables : "Ce sont les véhicules les moins efficaces en coût. Il faut se concentrer sur les véhicules électriques et pas sur le carburant. Nous espérons réellement aller le plus vite possible vers l’objectif de véhicules électriques."

Le Beuc comme T&E se sont déclarés fermement opposés aux carburants synthétiques ("e-fuel"). "L’e-fuel n’est pas une option. C’est plus cher, ce ne sera pas disponible avant 2037, c’est un gaspillage d’argent public et de l’argent du consommateur", a dit Monique Goyens. Quant à T&E, Julia Poliscanova estime que ce carburant doit être réservé là où c’est necessaire et pas pour les voitures. Elle a également mis en garde contre la tentation d’une fiscalité CO2 parce que la France a montré qu'elle se traduit par les Gillets jaunes : "La priorité est de faire des véhicules abordables sur le marché pour que les clients changent du thermique à l’électrique. L’augmentation du prix du carbone doit venir après, pas maintenant."

"Se focaliser sur la réduction des émissions de CO2 est bon pour le business, c’est la demande des consommateurs qui sont concernés par le climat. Je crois que les entreprises et les consommateurs vont voter avec leurs pieds et nous aider dans cette transition", a conclu Anders Kärrberg.

Alors que la Commission européenne doit publier d'ici fin juin les nouveaux objectifs CO2 pour 2025 et 2030 pour respecter l'ambition de neutralité carbone en 2050, chaque jour qui passe voit se propager l'idée que cet objectif doit conduire à un monopole des véhicules électriques sur le marché du véhicule neuf. La position de l'ACEA (association européenne des constructeurs) et des équipementiers, qui plaident pour la neutralité technologique pour faire émerger des solutions alternatives efficaces, est de plus en plus isolée.

Interessant, si je comprend bien, les pays qui n'ont pas de constructeurs automobiles Européens et sont tout petits (en km. Volvo est à capitaux Chinois maintenant ?) veulent de l’électrique... Comme la Chine maitrise l'ensemble de la chaine d'appro : terres rares, batteries, construction automobile, ils vont à nouveau faire qu'ils ont déjà fait dans d'autres domaines, destruction des concurrents par dumping, puis remontée des prix...L'Europe va donc se tier-mondialiser et on va encore pleurer sur le chômage et les méchants "neoliberos/mondialistes, la faute aux autres quoi...

[lionel_lio]

Oui, c'est affligeant !
Les lobbies et les intérêts géopolitiques dirigent ce monde et nos politiciens ne sont que des Pantins.
Les e-carburants sont écartés sans raisons valables.
Qu'en est-il pour les avions et les bateaux qui sont les plus pollueurs ?

[pierreg]

Juste un truc que je n'ai toujours pas compris. Comment produit on de l'électricité

[steph928]

Oui, c'est affligeant !
Les lobbies et les intérêts géopolitiques dirigent ce monde et nos politiciens ne sont que des Pantins.
Les e-carburants sont écartés sans raisons valables.
Qu'en est-il pour les avions et les bateaux qui sont les plus pollueurs ?

Salut Lionel,

On a déjà eu ce débat, le bateau en tout cas n'est pas le sujet principal, l'essentiel de la pollution au CO2 est la résultante du transport terrestre par véhicule à moteur.

Cela étant, je suis entièrement d'accord avec vous sur l'absurdité de la situation, je ne vois pas en quoi les efuel devraient être écartés et suis dans les pas des constructeurs en ce qui concerne la neutralité technologique.

@Pierre-Georges, En France à minima, 80% de l'électricité est d'origine nucléaire. Le problème de la voiture électrique pour tous est qu'à terme, cela veut dire le doublement des capacités nucléaires actuelles pour faire face à la demande.

Après, il y a peu de chance que ces initiatives aboutissent réellement, car le poids de l'union ne penche pas nécessairement vers ces pays là.

Stéphane

[Blouf]

le tout électrique ?

c'est à dire, est ce que cela va aussi concerner, les "gros rouleurs" ?
les routiers, les chauffeurs-livreurs, les taxis, les ambulanciers, etc....? enfin tout ceux qui roulent pratiquement nuits et jours, avec pour certains plusieurs centaines de milliers de kms par an ?? et qui sont bien loin d'être à autre chose que le DIESEL !

je mélange un peu les sujets, mais est ce que ces catégories seront elles aussi concernées par l'interdiction d'accès aux centres villes ?

[steph928]

Pour la question sur les accès centre ville, je ne sais pas, mais pour les solutions de transport en camion notamment, il est question du développement de la pile à hydrogène

Tout le sujet reste le bilan écologique global, et c'est pourquoi c'est incompréhensible que les efuels soient exclus directement, car le rendement hydrogène n'est pas meilleur que les carburants de synthèse

En revanche, la c'est certain, le rendement électrique est bien supérieur, la difficulté étant son stockage

[pierreg]

@Pierre-Georges, En France à minima, 80% de l'électricité est d'origine nucléaire. Le problème de la voiture électrique pour tous est qu'à terme, cela veut dire le doublement des capacités nucléaires actuelles pour faire face à la demande.

Tu as raison Stéphane c'est bien ce que je pensais sans le dire mais pourquoi pas dans le fond et puis tout ça je vais vous dire .... moi en 2050 j'aurai 110 ans alors ...........

[lionel_lio]

Christophorus reçu ce jour...