C'est ici : http://www.hemmings.com/hsx/stories/200 ... ture7.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Et cela m'a tellement plus que je vous en propose ici une traduction, avec l'accord préalable de la rédaction (un grand merci à David LaChance et Thomas Comerro pour leur soutien

Bonne lecture!

A+

P.S. Je sais qu'il y des traducteurs patentés parmi nous, s'il devait y avoir des corrections à apporter au texte en Français, qu'ils n'hésitent pas à se manifester

928, 911, laquelle est une vraie Porsche?
Par Craig FITZGERALD
Peu importe l'objet de votre addiction, si vous êtes passionné par quelque chose - n'importe quoi - il y aura toujours un revers à la médaille. Mais il est plutôt rare que deux sujets en compétition traités dans nos colonnes soient le fruit du même géniteur. Nous pourrions éventuellement faire un parallèle avec les mordus de SAAB à deux-temps, qui, bien que nous les aimions, ne représentent pas vraiment une fraction importante des admirateurs de la marque, hormis peut-être lors de rassemblements confidentiels.
Les Porschistes, en revanche, sont largement plus nombreux. Depuis 60 ans, la marque Porsche a rondement mené sa barque en comblant les passionnés, tout d'abord avec la 356, puis avec la 911. Vinrent alors les années 1970. La "Vraie Porsche", selon les connaisseurs, est refroidie par air, et dispose d'un moteur à l'arrière. Un point c'est tout.
La 914, bien qu'elle n'ait pas vraiment enthousiasmée la majorité des amateurs de 356 et de 911, était encore un membre de la famille, même si ses racines étaient étroitement liée à VW.
Mais une voiture avec un moteur à l'avant, refroidi par eau qui plus est? Allons donc! Avec le lancement de la Volkswagenienne 924, le débat a été soudainement engagés sur ce qui, précisément, correspondait à une "Vraie Porsche". Le blason apposé par le fabricant sur le capot n'était plus suffisant en soi.
Le débat houleux concernant la 924 a toujours été centrée sur la question suivante : était-il raisonnable pour Porsche d'attirer une clientèle davantage «entrée de gamme»?
Mais en ce qui concernait la 928, ce débat prenait une autre tournure.
Imaginez que vous travaillez dans une échoppe à hot-dogs. Jour après jour, rien d'autre que des hot-dogs, des hot-dogs, et encore des hot-dogs. Un beau matin, votre patron se présente et vous annonce: «A partir d'aujourd'hui, nous faisons des hot-dogs ET des hamburgers." Votre clientèle habituelle pour vos hot-dog sera furieuse, naturellement. Une partie pourra même décider de ne plus jamais acheter vos produits. Mais la plupart continueront. Et il y aura enfin clientèle nouvelle, qui n'avait jamais aimé les hot-dogs, et qui évidemment n'avait jamais fréquenté votre établissement jusqu'à présent, et qui sera conquise par la qualité et saveur particulière de votre hamburger.
Voici donc une voiture dont les intentions étaient claires: non seulement se vendre parallèlement à la 911 tant vénérée, mais probablement la remplacer à terme.
Dans la revue « Motor Trend » de Juin 1977, l'historien du design automotile, Karl Ludvigsen, écrivait : «Bien qu'elle ne soit en aucun cas une « voiture de secours », la Porsche 928 a été conçue afin de survivre dans cette ère de réglementation gouvernementale de la création automobile. L'une des principales raisons du moteur implanté à l'avant et des roues arrière motrices, c'est que cette architecture est si largement répandue que toute réglementation future sera obligée d'en tenir compte. De plus, elle autorise davantage de place pour les catalyseurs et autres silencieux entre le moteur et l'échappement, et elle étale les sources de bruit que relèvent immanquablement un micro lors de prises de mesure. Elle offre enfin des avantages non négligeables dans le domaine de la dispersion de l'énergie cinétique en cas d'accident. Même la forme de la coque de la 928, avec ses montants de toit, massifs et inclinés, est prévue pour offrir de résistance élevée à l'écrasement pour la cellule de vie. »
Porsche ne voulait pas construire cette voiture, elle le devait. Et c'est ainsi que les lignes de front ont été établies entre les amateurs de 911 et les propriétaires de 928, dès la sortie de la voiture en 1977.
Et c'est ici, sur la route des Appalaches dans le Nord de Gap Vermont, que nous allons régler les comptes une fois pour toutes. Deux voitures sont à notre disposition, construites à un an d'intervalle.
Notre vétéran, une Porsche 911 SC de 1980 appartenant à Pete Chehayl de Naples, en Floride. Le véhicule a été livrée à l'origine chez Bell Porsche/Audi à Rahway, New Jersey, et c'est un modèle rare : seulement 400 de ces Coupes « Weissach » ont été construits pour le marché américain. En raison de la réglementation imposée par l'Agence de Protection de l'Environnement, la Turbo 930 a cessée d'être importée aux États-Unis en 1980, faisant de cette SC la 911 la plus performante depuis les Carreras de 1975 et 1976. C'était la fin de la lignée des modèles en descendance directe des 911 et 912 d'origine.
Notre deuxième voiture est une Porsche 928 de 1979 appartenant à Bob Britton de Hancock, New Hampshire. Une des 5.467 construites pour l'année 1979, elle était alors proposée au catalogue à 31.853 $, alors que la SC 911 était affichée au prix de 33.647 $.
L'oncle de Bob était le premier propriétaire de la voiture, et quand il est décédé, elle a pu trouver refuge dans son garage. Il avoue avoir toujours voulu une 911, mais, l'originalité de la 928, sa disponibilité et la proximité familiale a rendu sa décision évidente.
C'est ainsi que ces deux voitures, la 928 de Bob Britton et la 911 de Pete Chehayl devinrent leur propriété à la suite d'une tragédie familiale: La 928 de Bob provenant de la succession de son oncle, tandis que la 911 de Pete provenait de celle de son frère.
Ail et oignon. Torchons et serviettes. Chien et chat. Passez cinq minutes dans chacune d’entre elles, et il devient évident combien l'attraction qui enfièvre tant les propriétaires de leur 928 repousse instantanément l'adorateur de la 911.
Mais si le propriétaire 911 est fidèle à sa marque fétiche, il en va tout autrement pour ceux qui succombent à la 928. Tous les affronts, le dédain et le mépris rencontrés ont tôt fait de refroidir leurs ardeurs : ils ne sont pas fidèles à la marque, ils sont fidèles à un modèle, et avec sans doute d'excellentes raisons.
La 911 de 1980 est ce qu'elle a presque toujours été: une voiture de sport dépouillée, brute de décoffrage, avec d'insondables ressources et comportement qui ne souffre pas les approximations. Pendant 30 ans, Porsche a construit des voitures de la même façon. Avec tout ce poids suspendu en porte-à-faux arrière, un moment d'inattention peut vous envoyer valser dans le décors. Avec à l'origine une 356 d'une puissance limitée, c'était plutôt désagréable. Avec une voiture poussée à 172 ch, sans turbo, cela s'est avéré être un désastre pour un très grand nombre de débutants et de pseudo-pilotes. Si vous voulez connaître la peur, lâchez simplement l'accélérateur dans un virage en dévers. A un niveau infiniment moindre, votre serviteur en avait fait l'expérience à bord d'une Volkswagen SP2 anémique en Allemagne, il y a quelques années. La réponse du chargé de communication était une pirouette rigoureusement germanique : "Elles le font toutes".
Le 928, en revanche, est une voiture entièrement nouvelle. On peut ressentir cette originalité et ce modernisme à son volant, même en 2009, aussi incroyable que cela puisse paraître, 30 ans après son lancement. Au même moment, en 1980 - en particulier aux États-Unis - la 911 devait succomber à ce qui semblait être une épidémie: elle perdait de la puissance tout en prenant de l'embonpoint.
Sélectionnez donc une vitesse dans la 928. Allez-y, n'importe laquelle! Même en cinquième, si paresseuse, avec un rapport différentiel démesuré de 2,75:1 à l'essieu arrière et avec un ratio de compression de 8,5:1 plutôt sage, le V8 vous déplace une montagne en vous gratifiant d'une sonorité grave à l'échappement sans aucun équivalent terrestre!
C'est un peu comme si des ingénieurs de Porsche avaient dit: «Hé, oubliez tout ce que nous avons fait, et construisons donc une de ces Camaro".
Mais ne nous y trompons pas. Ce n'est pas une voiture américaine des années 80 que l'on aurait préparée à moindre coût. Mais elle reprend tout de même certains ingrédients, le capot long, l’empattement court, le V-8 coupleux, le tout mélangé au produit de décantation d'une locomotive que l'on aurait patiemment laissée réduire à feux doux.
Ces deux voitures sont capables de jouer au chat et à la souris à tour de rôle sur ces routes de montagne pour en atteindre le sommet à quelques secondes d’intervalle, mais de manière radicalement différente. Vous atteignez les 100km/h au même moment. La vitesse de pointe de la 928 est supérieure de 3km/h. Les intérieurs, en revanche, en disent long à eux seuls: Même au beau milieu de ces années 80, placées sous le signe du cuir omniprésent, l'intérieur 911 est tout simplement une bassine dans lequel le conducteur est assis. On disposerait d'une caisse à savon en guise de siège et d'une corde pour ceinture de sécurité que cela n'en serait pas moins spartiate : ce type d'intérieur est conçu pour être rapidement vidé et équipé de sièges baquets allégés et à la réflexion pourvus d'une petite protection. La 928, d'un autre côté, serait parfaitement incongrue équipée d'un arceau de sécurité à l'intérieur. En avez-vous déjà vue ainsi coursifiées? Bien sûr, mais ce n'était pas vraiment d'actualité lorsque la voiture sortait des chaines d'assemblage. On la ressent comme une voiture plus grande, car elle l'est, de près de 20 centimètres, mais aussi sensiblement plus lourde de 250 kg.
Comparer les deux voitures? Vous ne pourrez convaincre personne des atouts de l'une alors qu'il convoite l'autre, pas plus que vous n'auriez su convaincre un giscardien de voter Mitterrand . C'est l'écrasante majorité de ceux qui n'ont jamais connu l'une et l'autre de ces voitures qui sont le terreau fertile des détracteurs. La plupart des gens dans ce pays ont conduit une Renault. Très peu ont conduit une Porsche, et pour eux, l'essence même de la Porsche provient de son origine, pas de savoir si elle est ou non en contradiction avec les voitures que Ferdinand Porsche concevait dans l'Allemagne d'avant-guerre. Mais un ingénieur pourrait-il se reposer indéfiniment sur ses lauriers, ou s'accrocher à une philosophie architecturale dépassée qui a largement atteint ses limites?
Nous pensons que non. Et nous pensons que la 928 est - dans chacune de ses fibres - une Porsche, encore et toujours.
Craig FITZGERALD
Cet article est paru dans le 1 août 2009 numéro de Sports Hemmings & Exotic Car.
Courtesy of Hemmings Sports & Exotic Car, a publication of Hemmings Motor News.